mercredi 23 juillet 2014

Riders on the storm, ou l'étape du Tour Pau - Hautacam



Mais qu'est-ce donc que l'Etape du Tour, me direz-vous ? Eh bien comme l'explique son propre site, http://www.letapedutour.com, « c'est une épreuve créée en 1993 pour proposer aux cyclistes amateurs de se tester sur le parcours d’une des étapes de montagne au programme du Tour de France ». L’organisateur est d’ailleurs celui du Tour, en l’occurrence ASO.
Cette course est rapidement devenue la référence en matière de cyclosportive, plus de 12000 participants, et 80 nationalités représentées. Et moi j’ai été tenté dès que j’ai eu connaissance du concept ;-).

Cette année, le parcours retenu est celui de la 18ème étape, Pau - Hautacam, avec en vedettes les ascensions du Tourmalet et d'Hautacam.



148 km et 3600m de dénivelée, c'est dense mais pas très difficile sur le papier, moins en tout cas que les 3 ballons courus en juin (218km et 4000m de dénivelée), mais au–delà du dépassement de soi, c’est l’occasion :
  •  de se mesurer à des cyclos du monde entier, sur routes intégralement privatisées,
  • de dépasser les 2000m d’altitude sur le vélo,
  • d’enchaîner 2 cols hors catégorie et de prendre 1500m de dénivelée d’un bloc dans le Tourmalet,
  • de pédaler dans des paysages grandioses de haute montagne (la suite montrera que ce n’est que pure théorie),
  • d’avoir un prétexte en or pour passer de super vacances dans les Pyrénées et le Pays Cathare (principal argument retenu par mon Momo).

Arrivé sur place la veille, je ne suis pas vraiment rassuré. En effet, la route a été longue (11h en 2 étapes dans les bouchons, vive les vacances en France !), mais surtout l’organisation a envoyé à tous un mail à l’objet peu ambigu, « météo warning ». Et c’est vrai que les orages violents et les fortes pluies sont constamment annoncés depuis quelques jours… Pile pour le dimanche. C’est moche…
Silence maintenant, faut que le vélo se repose !!
Je suis néanmoins présent dans mon sas le D-Day, prêt à partir dans les temps, mon Momo m’ayant déposé à 2 km du départ et même rejoint sur la ligne. J’ai fait le choix – après moultes hésitations – de partir en veste thermique et gants en néoprène, et je suis visiblement le seul, sous un soleil finalement assez présent à 7h du mat’. Le doute m’assaille, mais plus de possibilité de faire machine arrière.
C'est qui le gros malin qui a pris sa tenue d'hiver ?
10000 participants, c'est beaucoup...
Les départs sont donnés vague par vague, toutes les 12 minutes, par sas de 1000 participants. Je n’ai que le dossard 6746 – ma bonne perf. des 3 ballons n’ayant pas été prise en compte – mais ça n’a que peu d’importance puisque le classement est établi par puce électronique sur le temps réel. Et l’organisation est vraiment impressionnante, c’est dans le respect du timing à la minute prêt que mon sas se vide.
Le départ au goutte à goutte...
Le début de course est assez surprenant : ça part lentement, les pelotons mettent du temps à se former, et une certaine impression de flou domine sur les 70 premiers kilomètres, 2 côtes de 3ème catégorie permettant tout de même de s’échauffer. Voire même de chauffer car contrairement aux prévisions, il fait bon, très bon, et je tente péniblement de survivre en ouvrant grand ma veste, gants dans les poches… Mais ça ne suffit pas vraiment, je transpire toute mon eau, et en 50 km j’ai déjà pratiquement vidé mes deux gourdes. Bref, je commence à regretter sérieusement mon choix de tenue, mais la suite me rassurera bientôt !
Fait chaud !!!

En effet, dès Bagnères de Bigorre, les 1ères gouttes de la journée tombent. Et à mon grand plaisir – du moins dans un 1er temps, après, comme pour toutes les bonnes choses, on se lasse – ça ne fera qu’empirer. Les 1ères rampes du Tourmalet se fondent sous un léger crachin, mais dès que la route se relève à Sainte Marie de Campan, le ciel nous tombe sur la tête. Des trombes d’eau qui ne nous quitteront plus jusqu’au pied d’Hautacam.

Sur un plan purement sportif, qu’en dire ? Que le Tourmalet c’est un col hors catégorie, long et assez pentu (17 km à 7,3%), avec une première partie plutôt tranquille, et 8 deniers kilomètres au-dessus de 9%.

Mais la pente ayant le bon goût d’être régulière, ça passe vraiment bien en rythme, au milieu de rangées interrompues de camping-cars attendant déjà les pros avec 5 jours d’avance (ne jugeons pas, ils ont la gentillesse malgré le froid de nous encourager assez bruyamment !) !
Fait plus chaud du tout...
L'alimentation, c'est important, par tous les temps... ;-)

On prend quelques secondes pour le selfie tout pourri au sommet...

J’arrive donc au sommet avec quelques minutes d’avance sur mes prévisions malgré les aléas météo, un petit selfie avec le géant derrière, et c’est partie pour la descente. Eh bien celle-là, elle ne fera pas monter la moyenne : 6°C, des bourrasques, de la flotte à n’en plus finir, une visibilité parfois limite, bref, c’est du 25, 30, 35 km/h max pendant… …longtemps… Merci aux bénévoles hyper-nombreux qui veillent partout où il y a danger, frigorifiés eux aussi. Et que dire des pauvres concurrents qui ont prévu un simple micro coupe-vent (et qui gelaient déjà sous les paravalanches dans la fin de l’ascension !)… Quant aux paysages grandioses, on n’en voit absolument rien. Le sport à l’état brut ;-).

Bref, c’est relativement décimés que nous arrivons dans la vallée et au pied de la dernière grosse difficulté. Le soleil est de retour, il fait chaud à nouveau, et la foule est vraiment dense et bruyante dès le virage à droite qui lance l’ascension. C’est presque grisant. Mais pas autant que d’être surpris d’entendre son Momo crier « allez Doudou » dans la 1ère rampe. Me voilà boosté pour attaquer les 14 derniers km à presque 8% de moyenne.
L'entame d'Hautacam, seul moment de répit météorologique...
Hautacam, c’est tout en ruptures de pente. Impossible de trouver un rythme, on alterne entre pourcentages plus doux et véritables murs. Impossible d’en garder, il faut y aller « à l’arrache ». Et au moment où je commence à surchauffer à nouveau (si vous avez suivi, on a retrouvé le soleil au pied d’Hautacam ;-)), la pluie fait son come-back.
A l'attaque dans Hautacam
Un déluge à nouveau. La température retombe à 8°C. Décidemment, je suis béni des dieux. Les derniers kilomètres n’en seront que plus épiques, serpentant à nouveau entre les caravanes agglutinées. Je coupe la ligne d’arrivée avec un temps de 7h05 d’après mon Garmin. Ca me semble immédiatement très honnête, mais pas le temps de se reposer sur ses lauriers, il faut encore redescendre au village arrivée avant d’être définitivement congelé !

C’est de retour à l’hôtel que j’aurai donc les résultats définitifs :
  • 12000 inscrits,
  • 10000 partants (2000 raisonnables ayant préféré ne pas affronter la météo !),
  • 8453 finishers (dont les derniers en près de 12h !!!),
  • Et je termine donc 2933ème, vraiment satisfait du résultat !

Espérons que le tour jeudi aura meilleur temps !!



4 commentaires:

Olivier a dit…

Encore un très bon article qui nous fait bien resentir, quoique probablement encore trop peu, la bonne galère que tu as vécu. J'espère que tu as bien souffert, car je sais que tu aimes ça :o)

Obo a dit…

Soit rassuré, ça m'a bien plu, j'ai eu ce que j'étais venu chercher ;-)

Unknown a dit…

Bravo, très beau CR de ce qu'était cette EDT 2014 Pau-Hautacam, et de ta course très réussie. Effectivement je pense que tu étais un peu trop habillé au départ.
Moi j'avais pris une veste pluie mais je ne l'ai même pas mise finalement. La descente du Tourmalet en maillot manches courtes, grand souvenir ;-) et le plus dingue, j'ai même pas chopé la crêve ensuite.
Pour cette année je préfererais presque la même météo plutôt que la canicule ;-) je ne supporte pas trop les fortes chaleurs, chacun son truc ;-)
Bonne poursuite de ton entrainement et RDV le 19/07 à SJM.
JC

Obo a dit…

Merci et bon fin d'entraînement également... La descente du Tourmalet en court, je ne peux même pas imaginer !
Et c'est vrai que c'est bien plus facile de se réchauffer que de se rafraîchir : je détesterais courir la Marmotte ce WE avec la météo du moment !! ;-)